Un peu de technologie

La réparation est un métier...

C'est aussi une passion

500f4

Cet article a pour but de démonter que...

Nikkor 500mm f/4 P

Sauvetage de la noyade

 P = Mise au point manuelle avec puce de liaison avec le boitier.

Une demi victoire doit-elle être considérée davantage comme un demi échec ???

Vous savez bien que j’apprécie particulièrement les défis, les causes perdues, les missions impossibles et autres états catastrophiques en matière de matériels photographiques…

Et bien, sur ce coup-là, je suis au sommet, quoique…

J’aime aussi les deals ce qui a été le cas pour ce Nikkor 500mm f/4 P.

J’avais été prévenu de son état, un plongeon et séjour en eau toute relativement douce, mais sans doute trouble.

Le mécanisme de mise au point est si simple, qu’il fonctionnait encore, mais l’intérieur était plein de limon marron, et en particulier les lentilles étaient en piteux états.

Il y a, à l’avant, deux énormes lentilles qui ont été démontées facilement.

Une troisième, la plus dégradée, est maintenue par la partie avant du fût.

Celui-ci bloqué par trois vis pointeau,  impossible à dévisser.

Optimiste, je supprime ces vis, mèches et Dremel…

Jusque-là, j’étais confiant, mais, IMPOSSIBLE de dévisser cette partie avant et de dégager la lentille…

J’ai tout essayé, alcool, dissolvant, la chauffe, et même le WD40, IMPOSSIBLE !!!

J’ai mis de côté cette partie et je suis passé à la partie arrière, baïonnette et diaphragme.

La lentille arrière, elle aussi, se démonte facilement et on peut atteindre le diaphragme.

 » Misère de misère  » !!!

Plein de limon, particulièrement rugueux, et un petit guide partiellement desserti.

Démontage complet, très gros nettoyage, réparation du guide, remontage.

Le diaphragme est taché par son séjour en immersion, mais fonctionne.

Nettoyage profond de la partie arrière, remontage. Test, la puce fonctionne encore, le diaphragme est bien réactif.

Ça, c’est fait !

Bon, alors, et ces lentilles internes ???

La vie n’étant pas un long fleuve tranquille, cet objectif est resté stocké durant deux ans, en salle d’attente ! Lorsqu’on à pas de solutions immédiates, il faut laisser les choses tranquilles, ce n’est pas le bon moment… Puis, un jour, tout devient plus clair !

En retirant la bague en caoutchouc de la mise au point, on trouve deux glissières en téflon. Le dévissage de ces glissières permet de retirer le bloc des lentilles de la mise au point.

Le fut principal dégagé, il faut tenter de nettoyer la lentille frontale particulièrement tachée par le limon.

A ce stade, quelque soit la méthode il faut totalement nettoyer cette optique de toute trace de pollution.

Au grand maux les grands remèdes…

Ce fut a été rempli d’eau à plusieurs reprises, rincé et rincé encore. Un dernier bain avec un peu de produit ménager doux et un dernier rinçage à l’eau déminéralisée. Bien essuyé à l’extérieur, l’intérieur a été séché délicatement à l’air sec à faible pression.

 » Au fou ?  » Pas du tout !!

Le mécanisme minimal est la rampe de mise au point qui permet aux guides en téflon de déplacer le groupe mobile précédemment démonté. Il n’y a donc aucun risque de dégradation, aucun métal ne peut rouiller. Cette rampe est graissée à minima d’origine, elle le sera à nouveau.

Il faut désormais nettoyer la lentille avant indémontable… Elle est très sérieusement tachée  par le limon. J’ai tout tenté, utilisant divers produits plus ou moins corrosifs !

Rien n’y a fait, c’est le verre qui est taché de façon indélébile, certainement par porosité.

Comme à l’impossible nul n’est tenu, j’ai poursuivi la restauration.

L’état de cette optique au départ ne peut laisser présagé qu’une amélioration. Bien sur, je n’imaginais pas qu’il retrouve ses qualités d’origine.

Les parties optiques, le diaphragme étant nettement plus propres, ce 500 mm a été remonté provisoirement pour le tester.

Première série de photos test en lumière un peu faible, Nikon D3s à 1250 iso ( le f/22 était au 1/40), permettent de voir l’influence des fermetures du diaphragme.

Les images natives en RAW montrent un manque de contraste évident, ce qui n’est pas du tout surprenant, mais la définition est encore bien là.

Un post traitement minimal (contraste +50%  dans Nikon NX) améliore le rendu final et donne des images exploitables.

Une seconde série de photos test avec une lumière un peu plus brillante, bien que le ciel soit encore gris, a donné des résultats encore plus surprenants, puisqu’il n’y a

aucun post-traitement en logiciel.

Le coté sombre à droite des images est en fait un montant de porte, on peut remarquer l’augmentation de sa présence au fur et à mesure que le diaphragme est fermé.

Même si ce 500 mm est loin d’être parfait, ce sauvetage me permet d’avoir une très longue focale avec une ouverture intéressante.

La plus grande satisfaction est d’avoir réussit à remettre en état un objectif dont le destin était certainement d’être oublié ou pire, détruit…

Après ces quelques tests très rapides, connaissant sa faiblesse principale, il sera utilisé tel qu’il est, avec plaisir.

Il ne lui manque qu’un bon pare-soleil, certainement faisable avec un morceau de tube en PVC…

Son encombrement et son poids ne permet pas un usage fréquent, c’est tout de même une batte de baseball de plus de 3 kg !!

 » Y’a pas à dire, c’est un objectif d’homme… J’connais pas de Polonaise qui s’en servait au p’tit déjeuner ! « 

Rien n'est totalement impossible